Mariage
dans la tradition chrétienne
la Proposition
peinture de William Bouguereau, XIXe siècleLe mariage dans
la
tradition chrétienne est l'alliance d'un homme et d'une
femme,
dans le but de former une famille. La religion chrétienne
réglemente fortement cette institution, aussi bien dans les
pratiques rituelles que dans le vécu au niveau des
individus. De
ce fait, une forte tradition existe aujourd'hui dans les aires
culturelles où cette religion a étendu son
influence.
Histoire du mariage chrétien
Rome
Rome a légué à l'Occident trois
conditions qui
resteront indispensables à la validité du mariage
tout au
long de son histoire:
Les époux doivent être pubères.
Le mariage n'est pas incestueux, il est interdit entre parents proches.
Le mariage est monogame.
Arrangé entre les pères des futurs
époux, qui ne
faisaient parfois connaissance qu'au moment de leurs
fiançailles
(à l'occasion desquelles le jeune homme offrait une bague),
le
mariage faisait partie des devoirs du citoyen romain. Le Digeste
contient cependant une recommandation de ne pas forcer le fils
à
se marier, et permettait à la fille de s'y opposer si le
futur
époux avait une « conduite infâme
». Le
père pourra également (sous la
République romaine)
faire cesser le mariage s'il le souhaite.
La date de la cérémonie, voire son
déroulement
même, étaient assujettis aux présages
des augures,
comme l'étaient toutes les actions de la vie d'un Romain.
La mariée était habillée de blanc,
couverte du
velarium flammeum, voile orangé, et coiffée d'une
couronne de fleurs.
Les justae nuptiae (justes noces),
toutefois, étaient réservées aux seuls
citoyens
romains; elles étaient le seul mariage reconnu par le droit.
Dans tous les autres cas, (un citoyen et une non-citoyenne, voire une
esclave) le mariage n'était pas reconnu, et les enfants
nés de telles unions étaient
illégitimes. Les
époux dépendaient alors de la juridiction de leur
pays
d'origine.
Dans les cas des esclaves, leur maître pouvait leur accorder
le
contubernium, union sans valeur juridique, de même qu'il
pouvait
le rompre.
Contrairement au mariage chrétien, le mariage romain n'est
pas
fondé sur un consentement initial, mais sur un consentement
continu. Faute de consentement, le mariage cesse. Il s'agit d'une
affaire privée, et l'autorité publique
n'intervient donc
pas.
Le Moyen Âge
La christianisation de l'empire romain, puis les invasions «
barbares » modifièrent ces pratiques.
Le mariage devint une cérémonie
privée, qui se
déroulait au domicile de la future épouse, et
donnait
lieu à des réjouissances familiales. Une
bénédiction était parfois
donnée, mais sans
qu'elle n'ait de valeur officielle. La mariage était un
engagement mutuel, écrit et signé, que la
législation impériale encadrait.
Puis, avec le déclin de l'empire romain, l'habitude de
signer un
écrit, disparut progressivement, laissant la place
à de
nombreux abus .: seuls des témoins (de la
cérémonie, ou de la vie conjugale),
désormais,
pouvaient justifier de l'existence de l'union.
De même, les mariages « secrets », les
rapts (sans
l'accord des parents de la fille), les divorces et les remariages
devinrent courants. On connaît, par exemple, le cas du rapt
de
Mathilde par Guillaume le Conquérant, et les 5
épouses et
la demi-douzaine de concubines de Charlemagne.
Le mariage se déroule en quatre étapes: La
toilette de
l'épouse, celle de l'époux, la
cérémonie,
puis, pour finir, une grande fête où familles et
amis se
retrouvent.
L'Église catholique : IVe concile du
Latran
Lors du IVe concile du Latran, en 1215, l'Église catholique
romaine réglementa le mariage une première fois :
il impose la publication des bans (pour éviter les mariages
clandestins)
il instaure le mariage comme sacrement, donc indissoluble, sauf par la
mort
il exige le consentement libre et public des époux,
échangés de vive voix dans un lieu ouvert (contre
les
rapts et unions arrangées)
il impose un âge minimal des époux (pour
éviter le
mariage d'enfants, et notamment des très jeunes filles),
réglementation de l'annulation du mariage, en cas de duperie
sur
la personne, rapt, non consommation, mariage clandestin, etc.
Ce concile fixa des règles très largement
reprises
ensuite dans le mariage civil et laïc, institué en
France
en 1791.
L'Église catholique : concile de Trente
Le concile de Trente (1545-1563) renforcera encore la
règlementation, donnant alors le monopole de la
règlementation du mariage à l'Église
catholique :
il doit être précédé de la
publication des bans
il doit être célébré devant
un curé et des témoins.
les mariés doivent signer un registre.
Il autorise la vie séparée lors du mariage qui
peut
être prouvé par l'article 8 des Canons sur le
sacrement du
mariage de la session XXIV du 11 novembre 1563 : "Si quelqu'un dit que
l'Eglise se trompe lorsqu'elle décrète que, pour
de
nombreuses raisons, les époux peuvent vivre
séparés, sans vie conjugale ou sans vie en
commun, pour
un temps déterminé ou
indéterminé : qu'il
soit anathème."
Par contre, il est interdit de cohabiter hors mariage, c'est une mesure
pour limiter les enfants illégitimes
Le mariage civil en France
En 1791, le mariage devient en France un acte civil (contrat),
laïc, et révocable par le divorce (loi de 1792). Le
divorce
fut ensuite supprimé en 1816, pour être
rétabli en
1884, par la loi Naquet.
Portalis, un des quatre rédacteurs du Code civil, donnait
cette
définition du mariage : "société de
l'homme et de
la femme qui s'unissent pour perpétuer leur
espèce, pour
s'aider, par des secours mutuels, à porter le poids de la
vie,
et pour partager leur commune destinée."
De 1804 (Code Napoléon) à 1938 (mais en
réalité 1965), le mariage a placé la
femme sous
l'autorité de son époux. La pleine
égalité
des conjoints est assurée depuis 1970 par la loi qui dispose
que
« Les époux assurent ensemble la direction morale
et
matérielle de la famille ». En droit, il n'y a
plus de
chef de famille, contrairement à une pratique persistante,
qui
consiste notamment à demander la profession du «
chef de
famille » lors d'enquêtes statistiques ou de
marketing.
Coutumes abandonnées
En France (pratiquement dans toutes les régions), entre 1850
et
1914 environ, fut pratiquée la coutume du globe de
mariée
ou globe de mariage. Le bouquet porté par la
mariée le
jour de son mariage était déposé sur
un coussinet
de velours orné (entouré) de
différents motifs
décoratifs, ... l'ensemble étant
protégé
sous un globe de verre, qui trônerait en bonne place dans la
maison pendant toute la vie du couple.
Coutumes actuelles et folklore
Généralement, les mariés invitent
à leur
mariage leur famille et leurs proches, la journée donnant
l'occasion d'une fête. Les invités participent
à
l'installation des mariés en offrant des cadeaux, par
exemple
selon une liste de mariage.
Suite au mariage, un voyage de noce (auquel seuls les mariés
participent) est parfois organisé.
Une fois le mariage célébré, les
époux sont
unis, jusqu'à ce que l'un des deux (ou les deux)
décède. L'union peut également cesser
lors du
divorce.
Les anniversaires de
mariage sont aussi fêtés.
A l'époque où les hommes choisissaient leur femme
en
mettant un drap sur leur tête, l'homme voulait être
prêt à affronter la famille, et il gardait la main
droite
libre pour saisir son épée et garder sa femme
près
de lui.
On a très longtemps cru qu'un nerf reliait l'annulaire de la
main gauche au cœur. C'est pourquoi la bague ou alliance est mise
à ce doigt là.
Les dragées symbolisent
le cadeau des mariés à leurs invités.
La jarretière
de la mariée
est mise aux enchères le temps d'une musique.
Le marié porte sa femme pour rentrer dans le domicile
conjugal
car cela porterait malheur que la mariée
trébuchât
en passant la porte (légende antique).
Selon les chiffres de l'INSEE pour 2003/2004, l'âge moyen
lors du
premier passage devant le maire est de 28 ans pour la mariée
et
de 30 ans pour le marié. Vingt ans auparavant, il
était
respectivement de 23 et 25 ans.
Toujours selon l'INSEE, les enfants assistent aux noces de leurs
parents dans près de trois unions sur dix.
En 2004, 266 000 mariages ont été
célébrés, contre plus de 300 000 en
2000. Cela
correspond à un taux de nuptialité de 4,3 pour
mille.
Les pratiques du mariage chrétien
Dimensions historiques
Les premiers chrétiens se mariaient selon les coutumes de
leurs
pays d'origine. Pour les chrétiens juifs par exemple, la
Bible
montre que cet événement était
purement familial,
et apparaîtrait aujourd'hui comme un concubinage reconnu par
les
familles des deux époux. Dans la Bible, un seul
récit de
mariage fait allusion à un acte juridique; il s'agit du
mariage
de Ruth et de Booz, et l'acte juridique concernait les terres
auxquelles Ruth était liée par son histoire, mais
dont
Booz était l'héritier au terme de la loi juive.
Ce n'est qu'à partir de l'empereur Constantin Ier le Grand
que
l'Église conseilla aux chrétiens de
protéger
juridiquement le mariage chrétien par le mariage civil
romain.
Il fallut attendre le IVe concile du Latran, en 1215, pour que le
mariage chrétien devienne l'objet de décisions
juridiques
internes à l'Église.
La tradition de célébrer le mariage
chrétien dans
un édifice religieux ne date que du haut Moyen Âge
; en
effet, aucun texte des Évangiles n'y fait allusion. La seule
intervention du Christ dans un mariage est celle des Noces de Cana
où il ne fera pas de bénédiction, mais
où
il changera, à la demande de sa mère, l'eau en
vin pour
que la fête ne soit pas gâchée par le
manque de vin.
De nos jours, le mariage chrétien se déroule
d'une
manière relativement similaire dans les
différentes
confessions et dans tous les pays du monde : il supplante souvent les
traditions locales, notamment dans les pays non-occidentaux
où
l'on célèbre parfois trois mariages, la dot, le
mariage
civil apporté souvent par la colonisation de même
que le
mariage chrétien, tout en considérant le mariage
chrétien comme le plus important.
Dimensions théologiques
Pour les chrétiens, le mariage n’est pas seulement
l’amour entre un homme et une femme. Il est aussi le signe de
l’amour de Dieu pour les hommes, un signe de son Alliance.
C’est à travers leur amour mutuel, dans toutes ses
dimensions (partage des bons et des mauvais moments, l’amour
physique, la fécondité, le respect de
l’autre dans
la liberté…) que les époux
découvrent ce
qu’est l’amour de Dieu pour
l’humanité : le
don de soi sans réserve. Les réflexions
théologiques sur le Cantique des cantiques, livre de la
Bible
qui est un poème d'amour entre un homme et une femme,
interprété comme l'amour entre Yahvé
et
Israël, sont sans doute à l'origine de cette
perception de
l'amour du couple comme image de l'amour de Dieu.
À cette dimension du mariage comme image de l'alliance entre
Dieu et son peuple, la théologie paulinienne
(Épître aux Éphésiens), qui
sert de
référence à la définition
actuelle du
mariage chrétien, ajoute un autre niveau. Les textes de Paul
fondent en effet le mariage chrétien dans l'union parfaite
du
Christ et de son Eglise, considérée comme le
corps dont
Il est la tête, et dont le mariage serait un signe sur la
terre.
Dès lors, ces textes parlent de l'amour entre les
époux
en termes de don, de respect et de soumission mutuelle (même
si
on n'y a longtemps lu que la soumission de la femme au
mari…).
Pour préparer leur mariage, au cours de quelques
réunions
avec le pasteur, le prêtre ou une équipe
paroissiale, les
fiancés choisissent souvent (avec différents
degrés de latitude selon les confessions) les cantiques, les
chants et le texte des promesses.
Le mariage
catholique
Pour l'Église catholique, le mariage
est un sacrement, que se donnent mutuellement les époux.
Pour
vivre pleinement l’amour, elle propose quatre piliers :
la liberté : chacun des fiancés doit
être pleinement libre au moment de son engagement
la fidélité : ils se promettent
fidélité et
cette promesse est source de confiance réciproque
l’indissolubilité : ils s’engagent pour
toute leur
vie, car le mariage crée un lien sacré entre les
époux
la fécondité : ils acceptent
d’être ouverts
à la vie et d’accueillir avec amour les enfants
qu’ils mettront au monde.
Ses piliers doivent être exprimés dans le projet
de vie,
qui forme une des pièces majeurs du dossier à
constituer
dans le cadre de la préparation
au mariage catholique.
Mariage
Protestant
La bénédiction protestante de mariage
Pour les protestants, le mariage est avant tout un choix personnel des
deux époux, un acte civil. Ce choix est affirmé
socialement dans le mariage civil puisqu'il existe. La cérémonie
religieuse au temple (ou à l'église en cas de
mariage
interconfessionnel célébré de
manière
catholique) a pour but de signifier la dimension spirituelle de l'amour
conjugal, le couple plaçant son union devant Dieu et sous
l'autorité de sa parole. Lors de la
cérémonie,
où la prédication biblique tient la
première
place, le couple indique ensuite que ses choix de vie sont conformes
aux valeurs évangéliques, et le pasteur prononce
la
bénédiction sur les époux.
Le mariage orthodoxe
Il nécessite de contacter le pope et de participer
à
quelques réunions. Un acte de baptême sera requis.
Voir aussi le mariage
musulman,mariage juif.
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